Au départ il y a une pièce de théâtre : « Ovni » écrite par Ivan Viripaev.
La pièce est constituée d’un ensemble de témoignages, des individus d’âges et de nationalités différentes, qui à travers le monde, racontent leur contact avec l’ovni. Il s’agit pour chacun de décrire un moment de connexion très particulier avec le monde, de compréhension et d’osmose, de totale présence. Chaque personne décrit une sensation plus qu’une vision, une perception des choses à un moment donné plus qu’une rencontre réelle. Ils appellent cela « rencontre avec l’ovni », mais c’est un phénomène intérieur et subjectif qui est décrit, très éloigné des petits hommes verts de la science-fiction. C’est pour chacun d’eux une prise de parole délicate car elle révèle une intimité subtile et enfouie.
Dans l’introduction de la pièce «Ovni», Ivan Viripaev parle d’un projet de film et d’’écriture de scénario, à partir de ces témoignages, qui n’aurait finalement pas abouti pour diverses raisons. Lorsque le collectif a découvert cette pièce, le désir d’associer Jérôme Game au projet s’est très vite imposé afin de lui demander d’imaginer ce scénario et d’inventer un fil rouge narratif qui relierait ces monologues en les racontant comme un film.
C’est un scénario d’un genre nouveau que Jérôme Game a inventé, où il devient en quelque sorte le chef opérateur poétique de ces différents monologues.Il décrit d’abord les lieux, en imagine les atmosphères, la lumière, l’odeur et les décors.Il raconte aussi les mouvements de caméra, les valeurs de plan et les travellings. Il pose enfin un regard objectif sur ces existences et sur leur environnement et nous permet par les mots de voir en images. Il invente par la langue « un Google earth textuel » fait de zooms et de dezooms où l’on peut glisser, en l’espace de quelques phrases, de New York à Hong Kong en passant par le cosmos. « Un cinéma à la bouche », qui prend le parti pris radical, face à la saturation d’images, de raconter l’invisible plutôt que de tenter de la représenter.