Nous sommes à coté, juste à coté de la fête, de la tempête, de la tourmente. Nous sommes dans une salle ambivalente, un espace intermédiaire dont la fonction est multiple.
A la fois un lieu de répétition, une loge et une salle d’attente avant de rentrer dans la salle centrale, le dancing, le lieu où la compétition de Mambo a lieu, l’endroit de la fête.
Dans cet espace il y a trois figures, Sara et deux hommes, Donald et Robert, le premier est un plus âgé que l’autre. Ils s’échauffent en écoutant du Mambo, leggings et juste au corps, tenues déjà grotesques du danseur de salon avant le costume et le dossard.
On entend, dans le dancing, la compétition de Mambo déjà commencée, on comprend qu’ils attendent peut être leur tour mais ils n’ont pas l’air pressés ni tendus, ils parlent et se demandent où était Markus lundi dernier, Markus étant le frère de Robert.
Les versions diffèrent, Sara affirme qu’il était chez elle tandis que Donald affirme qu’il était chez lui. Ils téléphonent, fument, boivent, s’échauffent de nouveau, essayent des tenues et se demandent encore où était Markus lundi dernier. La tension monte et la situation patine, on cherche une réponse à une question sans réponse. Chacun tient sa position mais les positions se contredisent. Alors qui ment? Et pourquoi ce mensonge? Pourquoi mentir, nous demande bientôt l’auteur, pourquoi nos vies sont elles basées sur le mensonge? Est il possible de faire autrement?
Alors Sara, Robert et Donald continuent à s’interroger, à essayer de savoir qui ment, la situation s’enlise en quelque sorte et du boulevard on passe à des questions existentielles, puis quasiment métaphysique. Quelque chose de l’âme russe surgit dans cette façon de faire se côtoyer le trivial et l’essentiel, de circuler sans transitition de l’un à l’autre comme dans la vie.
Par cette dramaturgie de l’enlisement, Ivan Viripaev nous renvoi à nos propres questionnements, la situation grotesque du début est toujours là, mais elle s’est transformée sous nos yeux en un miroir sans filtre. On se regarde désormais à travers eux, et on danse.
La danse s’est déplacée jusqu’à nous, c’est un mambo mental.