À ce stade de la nuit

L’origine du projet

Du boa aux Mariages arrangés

Issus des mouvements migratoires, certains des nouveaux arrivants sur le territoire européen sont des artistes. Artistes nous-mêmes, nous éprouvons la nécessité depuis 2020 d’aller à leur rencontre et de les aider à réinvestir leur pratique.

Puisque se rencontrer, c’est se trouver au même endroit au même moment, nous avons choisi la scène de théâtre comme espace commun et la créativité partagée comme medium émancipé des barrières de la langue et des origines sociales.

Apprendre à se connaître en travaillant, et ce faisant, interroger ensemble notre monde en mouvement, en mutation.

Notre première initiative a été de partager un atelier, un lieu de fabrique et d’échanges à Marseille et d’imaginer une plateforme de soutien aux artistes exilés: le boa.
Après avoir partagé un atelier de pratique pendant plusieurs mois à la Friche de la Belle de Mai, nous avons réalisé que les artistes avaient besoin avant tout d’émulation et de rencontres.

Nous avons alors imaginé un projet commun, Les Mariages arrangés : une série de créations impliquant en duo un artiste exilé et un artiste implanté localement.
Avec Les Mariages arrangés, nous avons initié un nouveau dialogue, une nouvelle histoire, et espérons que chacun de nous s’en trouvera modifié dans sa pratique artistique.

Les Mariages arrangés sont pour nous un moyen concret d’accueillir avec bienveillance et enthousiasme les artistes exilés et leur créativité.
Il nous devient indispensable d’intégrer l’accueil de ces nouveaux arrivants à notre pratique artistique. Il nous est impossible de la séparer d’une démarche citoyenne et solidaire.

La perfomance initiale

En 2020, le plasticien kurde Mahmood Peshawa et le comédien Antoine Oppenheim imaginent une performance, où la peinture en direct entre en résonnance avec les mots de Maylis de Kerangal. La performance a fait l’objet d’un tournage réalisé par Cyril Meroni dans le studio de la Friche de la Belle de Mai en décembre 2020. La performance a été reprise dans le cadre des nuits d’été à Châteauvallon en juillet 2021.
Le projet avait reçu le soutien du boa, de Manifesta 13 — Région SUD et de la Friche la Belle de Mai à Marseille.

Le projet en 2025

L’objectif en reprenant le travail est de faire d’une performance (où des extraits du texte étaient lus) un spectacle cohérent et simple où les correspondances entre le texte, qui sera interprété dans son intégralité par Sophie Cattani entrera en écho avec le travail des images extraites des films, la musique de Pierre Aviat et la peinture live de Mahmood Peshawa qui réalisera une fresque nouvelle à chaque représentation.

Notre volonté est de créer sans pathos une forme dense et précise d’environ une heure, une sorte de chambre d’écho douce et amère qui interroge notre sentiment d’impuissance sans cesse renouvelé face aux vagues migratoires constantes.

Le 3 octobre 2013, plusieurs centaines de réfugié.es se noient au large de cette île méditerranéenne : lorsque l’autrice entend, à la radio, cette nouvelle, le nom même de Lampedusa l’entraîne immédiatement dans un parcours entre plusieurs textes, ou plutôt entre plusieurs images. Lampedusa, c’est d’abord le nom de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, l’auteur du Guépard, Il Gattopardo, paru en 1958 à titre posthume. Ce grand roman est à l’origine d’un immense film, réalisé par Luchino
Visconti en 1963. Cette homonymie entre le nom de l’écrivain et celui du lieu du drame, la première image est le visage de Burt Lancaster, qui interprète à l’écran le prince Salina, héros du roman.

La leçon du Guépard tient en grande partie à cette formule incroyablement cynique, prononcée par le jeune Tancrède (joué par Alain Delon dans le film de Visconti) : « il faut que tout change pour que rien ne change » pour désigner la façon dont les élites savent tout bouleverser sans jamais remettre en question leur supériorité sociale. Si c’est ce film qui vient spontanément à l’esprit de l’autrice lorsqu’elle est confrontée à la crise des migrant.es, n’est-ce pas aussi parce qu’elle a conscience que cette crise, comme les autres, risque fort de ne rien changer ?
Antoine Oppenheim

  • Texte original

    Maylis de Kerangal

  • Mise en scène

    Antoine Oppenheim

  • Distribution

    Sophie Cattani et Mahmood Peshawa

  • Musique

    Pierre Aviat

  • Vidéo

    Cyril Meroni

  • Administration et production

    Charlotte Laquille et Armeen Hedayati

  • Production : Collectif ildi ! eldi

    Partenaires en cours de recherche

visitez ici la plateforme de soutien aux artistes exilés